Sauver les maisons de retraite (EHPAD): l'urgence d'une loi sur le grand âge
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Le vieillissement de notre population est un phénomène que nous pouvons d’ores et déjà clairement anticiper à l’horizon 2030. Les différents gouvernements soutenus par le Président de la République ont, eux, clairement manqué de volonté pour faire face à cet enjeu d’importance. Pire, ils ont affaibli les moyens d’intervention de l’État avec le risque que le secteur privé s’engouffre dans la brèche. Le prochain gouvernement devra faire du grand âge, une priorité.
Le vieillissement est une réalité qu’il faut regarder en face
Depuis 2017, le nombre de personnes âgées en perte d’autonomie a doublé.
Dans un récent rapport, l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) estime que le nombre de personnes âgées en situation de perte autonomie augmentera, par rapport à 2020, de 16 % en 2030, de 36 % en 2040 et de 46 % en 2050, pour atteindre près de 4 millions, ce qui constitue un défi majeur.
D’où l’urgence d’une action publique ambitieuse tant sur le financement que sur les moyens humains à mobiliser.
Il faudra donc former et recruter des professionnels du secteur alors même que les métiers du lien, du médicosocial sont en crise : faibles rémunérations, temps partiels forcés, horaires décalés….
Autant dire que les annonces faites l’année dernière, par le précédent gouvernement, de création de 50 000 nouveaux postes d’ici 2030 sont malheureusement insuffisantes pour remplacer les départs en retraite, répondre aux besoins croissants de la population et à l’évolution démographique.
En Ariège aussi, les EHPAD sont en difficulté
Les Établissements d’Hébergement pour les Personnes Âgées Dépendantes (EHPAD) publics et associatifs se trouvent dans une situation difficile en Ariège comme sur l’ensemble du territoire.
J’en ai eu la confirmation lors de mes rencontres de terrain et à l’occasion de la commission départementale de suivi des établissements en difficultés financières. Cette commission a été mise en place fin 2023 pour étudier dans chaque département les situations critiques et assurer un traitement local des situations et, le cas échéant, alerter les administrations centrales sur les structures confrontés aux difficultés financières les plus sérieuses.
La majorité des maisons de retraite médicalisées associatives et publiques ont terminé l’année 2023 avec un résultat déficitaire alors même qu’elles étaient pour beaucoup à l’équilibre en 2019.
Aussi un fonds d’urgences et des crédits non reconductibles ont été alloués en fin d’année aux EHPAD et services à domicile. Ce soutien exceptionnel est venu soulager une vingtaine d’entre eux mais n’a pu apporter une solution pérenne à ces déficits chroniques.
En effet, ils sont pris en tenaille entre l’augmentation des coûts de l’énergie, l’inflation en raison du contexte international.
De plus le financement incomplet de certaines mesures, pourtant indispensables, de revalorisation salariale contribue à ces déficits lors qu’ils ne peuvent l’augmenter trop fortement les tarifs dans des territoires comme l’Ariège.
Les élus locaux Ariégeois sont en première ligne pour tenter de résoudre les difficultés des EHPAD en octroyant quand ils le peuvent un financement aux structures de leur territoire en proie à de grandes difficultés. Il faut être attentif cependant à ce que la solidarité locale ne se substitue pas à l’impérieuse solidarité nationale.
Le secteur privé, bien souvent attiré par les promesses de profit lié à « l’or gris » a été défaillant en Ariège avec la mise en faillite du groupe d’EHPAD privés Medicharme.
Seule la mobilisation des élus de la communauté de communes du Couserans avec celle de l’Arize-Lèze, de la Présidente du Département de l’Ariège et des parlementaires dont Laurent Panifous et je salue, une nouvelle fois son combat, ont permis de sauver les deux établissements Ariégeois du Fossat et de Fabas.
L’urgence d’une loi grand âge
L’État doit être le garant de la solidarité nationale en particulier pour nos ainés.
C’est pourquoi, il aurait été très important, ces derniers mois, d’enfin débattre et adopter une loi grand âge qui aurait dû dégager des moyens supplémentaires, sous peine d’affaiblir notre État providence. Les remaniements ministériels et autre dissolution ont stoppé les travaux parlementaires.
Il appartiendra au prochain gouvernement de remettre l’ouvrage sur le métier, il en va de l’avenir de nos ainés et de notre avenir à tous !