Protéger ceux qui font vivre notre République au quotidien
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Depuis plusieurs années, le baromètre de la confiance politique n’est pas au beau fixe ! Les promesses politiques ne font plus rêver laissant largement la place à un sentiment de méfiance, lassitude et morosité. Les clashs, les polémiques, les « #balance ton maire », relayés par les médias et réseaux sociaux ne font qu’alimenter et conforter la défiance des électeurs. Une défiance globale que seule une meilleure adéquation entre la parole des citoyens et les actes politiques pourrait en partie contrer.
Les citoyens ont perdu confiance en leurs élus en général, souvent perçus comme éloignés des problématiques des territoires. Interlocuteur de proximité par excellence, le maire reste l’élu envers lequel les Français se sentent le plus proche, il est le représentant politique auquel ils font le plus confiance.
Un engagement politique
Ces élus de proximité que sont les maires et les conseillers municipaux sont en contact permanent avec la vie quotidienne de leurs concitoyens. Élus de proximité, élus de terrain, leur mandat est visible et utile aux yeux de la population car il est facile à chacun d’apprécier la portée des actions qui participent au vivre-ensemble de la commune. En effet, ils gèrent les finances municipales, font des choix d’investissements, améliorent le cadre de vie, s’occupent des écoles, des logements, du cadre de vie, de la propreté de la voirie, des problèmes de voisinage, de l’environnement, de la santé, des activités festives, culturelles ou encore de la sécurité. Bref, ce sont des femmes et hommes à tout faire, des femmes et des hommes à « portée d’engueulade », comme on dit souvent, des maillons essentiels à notre démocratie.
Mais, aujourd’hui, de nombreux maires expriment leur découragement face aux obstacles qu’ils rencontrent sur le terrain.
Des cibles de choix, en première ligne face aux tensions du quotidien
En effet, à la complexité administrative qui freine les actions, aux baisses des dotations, à l’exigence des administrés, viennent s’ajouter incivilités, pression, tensions sociales, intimidations, violences physiques et morales qui empêchent ces élus de continuer à exercer leur mandat sereinement.
Ainsi, de nombreux maires doutent de pouvoir aller au bout de leur mandat et finissent par jeter l’éponge !
Les événements récents à l’encontre de Yannick Morez, maire de Saint-Brevin-les-Pins qui l’ont amené à démissionner le 9 mai dernier à la suite des menaces de mort et de l’incendie criminel de son domicile en témoignent. Mais aussi plus proche de nous, le maire de Molitg-les-Bains dans les Pyrénées-Orientales.
Premiers interlocuteurs, les maires sont de fait en première ligne des colères et des mécontentements. Aux insultes et agressions, s’ajoutent désormais les actes criminels. Plus de 600 maires ont été agressés verbalement ou physiquement en 2021 et les chiffres progressent malheureusement. Les violences contre les élus ont augmenté de 47 % en 2021 et, de nouveau, de 32 % en 2022 (avec 2 265 plaintes et signalements concernant les agressions d’élus). En deux ans, elles ont donc presque doublé.
Les élus ariégeois ne sont pas non plus épargnés et ce sont au moins 5 maires qui ont été amenés à porter plainte contre des administrés qui les avaient agressés. Récemment encore, une élue de Laroque d’Olmes s’est faite agressée alors qu’elle se voulait médiatrice dans un problème de voisinage.
Élu municipal depuis plus de 30 ans, ayant été maire et président de communauté de communes, je me sens proche de leurs inquiétudes et interrogations.
Aussi, j’ai souhaité cosigner la tribune publiée dans le Monde « Protégeons notre République, protégeons nos élus » et ainsi afficher mon soutien au texte porté par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, car les maires et leurs équipes municipales sont les piliers de notre République (et les crises récemment traversées en attestent s’il le fallait) et nous devons les soutenir.
Un champ des améliorations à renforcer
Dans ce contexte de hausse des conflits et violences contre les élus, des actions ont été menées, encouragées par l’AMF et une loi a été promulguée le 24 janvier dernier donnant la possibilité aux associations d’élus, aux collectivités locales, au Sénat, à l’Assemblée nationale et au Parlement européen de se porter partie civile afin d’accompagner les élus victimes d’agression ou leurs proches. Cette loi adoptée va dans le bon sens, tout comme les formations dispensées par la police nationale à destination des élus pour les former à la gestion des conflits, mais force est de constater que les mesures prises ne sont pas suffisantes. De nombreuses plaintes restent classées sans suite et les agressions se poursuivent, souvent dans la plus grande impunité. Ainsi, je partage l’émotion et la colère des élus face à des actes de violence qui s’aggravent et qui deviennent de plus en plus nombreux.
Alors qu’il devient difficile de trouver des candidat(e)s prêts à s’investir dans les moyennes et petites communes qui ne disposent pas des mêmes moyens en termes de fonctionnement, de personnels et de compétences que les grandes villes et où polyvalence et responsabilité sont importantes, il est plus que jamais indispensable de prendre la mesure de la situation et d’apporter aux élus les conditions nécessaires et un soutien à la hauteur de l’investissement qu’ils consacrent à leurs concitoyens et à leurs mandats.
C’est le vœu que je forme et que je m’emploierai à réaliser.