Pour une agriculture juste et durable
Accueil » Pour une agriculture juste et durable
- Publié le
En France, le mouvement de protestation des agriculteurs commencé en Occitanie, gagne de l’ampleur sur tout le territoire. La grogne monte aussi en Europe, en Allemagne, en Pologne, aux Pays-Bas ou encore en Roumanie…
Les causes sont multiples : d’abord, un problème récurrent de revenu, une non harmonisation européenne de la règlementation sur les pesticides, la suppression des avantages fiscaux sur le gazole non routier, des négociations difficiles avec les acteurs industriels, des aides PAC (Politique Agricole Commune) qui tardent à être versées, des contraintes imposées sans concertation pour la transition écologique, une avalanche de normes …. les revendications varient mais une constatation commune émerge : la difficulté croissante à vivre du métier de la terre. Ce désarroi qui frappe le monde agricole depuis de nombreuses années ne peut rester plus longtemps sous le radar du gouvernement.
Des agriculteurs asphyxiés par les réglementations et abandonnés par l’État
Depuis des années, les conditions de vie de bon nombre d’entre eux sont inacceptables : ils ont fait face avec résignation aux obstacles qui n’ont cessé de croître et de s’accumuler.
Les transpositions de certaines normes découragent, stigmatisent, déroutent, contraignent toujours plus nos agriculteurs français. La grogne monte davantage encore face à la concurrence déloyale venues d’importations massives de pays Européens qui ne respectent pas les normes imposées à nos agriculteurs et qui participent ainsi à la disparition de nos filières françaises.
En France, mêmes si leurs limites ont été pointées du doigt à plusieurs reprises, les lois, dites « Egalim I », « Egalim II » et « Egalim III » (loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous), votées entre 2018 et 2023 pour sécuriser les revenus du monde agricole et réguler les rapports conflictuels entre l’agroalimentaire et la grande distribution ne sont toujours pas appliquées mais plutôt contournées.
Alors que la souveraineté alimentaire est un enjeu primordial pour notre pays, (la guerre en Ukraine nous a d’ailleurs rappelé la nécessité de reconquérir notre appareil de production), le monde agricole recule en France, entrainant la perte de notre autonomie alimentaire. Plus que jamais, nous devons préserver et valoriser la qualité de l’agriculture française. Car le travail de nos agriculteurs est imprégné de passion, d’un profond attachement à la terre et d’un investissement sans limites. Ayant souvent l’occasion de les rencontrer, je peux affirmer que leur souffrance est malheureusement tangible.
Lorsque l’on est accablé par les dettes, noyé sous un flot de réglementations et qu’une rémunération décente reste hors de portée malgré les longues heures de travail, comment peut-on encore assurer la mission de « nourrir la France » ? comment échapper à la détresse ?
Le pouvoir d’achat, sujet plus que jamais d’actualité dans ces périodes sombres pour nombre de nos concitoyens, passe par le respect de tous les acteurs : du producteur au consommateur. Cela fait trop longtemps que les agriculteurs alertent sur leur situation, cela fait trop longtemps qu’ils ne sont pas entendus !
Et si tous ces sujets de désespoirs ne suffisaient pas, les élevages bovins du sud de la France (dont l’Ariège) subissent depuis l’an dernier les conséquences désastreuses d’une nouvelle maladie, la maladie hémorragique épizootique (MHE) qui décime les troupeaux de vaches.
Le gouvernement tente de calmer la colère sans y parvenir
L’explosion de la colère du monde agricole n’est pas une surprise et la mobilisation massive des agriculteurs montre combien nos agriculteurs souffrent.
Les premières annonces du Premier ministre, telles que l’abandon progressif de l’avantage fiscal sur le gazole non routier (GNR), la simplification des procédures et l’accélération des aides d’urgence et de la PAC, n’ont pas suffi à apaiser la colère du monde agricole. Ces mesures étaient attendues, mais leur impact a été jugé insuffisant pour résoudre la crise profonde qui sévit.
Face à cette impasse, l’acte II se devait d’être plus convaincant, offrant des solutions concrètes et durables aux agriculteurs en colère. Cependant, on peut s’interroger sur la décision du gouvernement de mettre en pause le plan Ecophyto. En effet, cette décision suscite des inquiétudes légitimes quant à la santé publique, à la fertilité des sols et à notre souveraineté alimentaire. Cette suspension souligne la nécessité d’une réflexion approfondie sur la vision à long terme de notre agriculture et de notre environnement.
Quid aussi des propositions pour les agriculteurs bio qui voient leurs ventes chuter à cause de l’inflation ?
Le gouvernement doit prendre en compte les préoccupations des agriculteurs et engager des réformes significatives pour soutenir l’agriculture française, ces réformes doivent être menées de manière à accompagner la profession dans sa transition vers un modèle plus durable et équitable. C’est tout le sens des propositions faites par les Sénateurs de mon groupe politique.
Notre appel pour une agriculture juste et durable
La guerre des prix dans l’industrie agroalimentaire, exacerbée par le manque de rémunération des agriculteurs, est un problème majeur. Avec mes collègues socialistes, nous militons depuis longtemps pour une transition vers une agriculture durable et la reconnaissance du travail agricole. Or, cette transition ne se fera qu’à travers des réformes structurelles et une vision globale de la situation. Il est urgent de poser un diagnostic précis sur les pratiques économiques et commerciales qui nuisent à l’agriculture française et d’engager des réformes significatives pour soutenir le secteur agricole dans sa transition vers un modèle plus durable et équitable.
Les annonces du gouvernement, axées principalement sur les questions environnementales, laissent les agriculteurs sur leur faim et manquent de perspective.
Ainsi, avec mes collègues nous appelons à :
- Une commission d’enquête sur les revenus agricoles et les relations commerciales,
- Une application stricte des lois EGALIM,
- Des clauses miroirs au niveau européen,
- Un moratoire sur les accords de libre-échange,
- Une grande loi foncière et agroécologique,
- Une réforme des aides de la PAC,
- La reconnaissance des sols vivants comme patrimoine national.
Plus que jamais nous devons soutenir une agriculture durable et familiale, compatible avec la souveraineté alimentaire et la transition agroécologique.
Je poursuivrai mon travail avec les éleveurs et agriculteurs du département pour défendre leurs intérêts au plus haut niveau. Je ne manquerai pas non plus, d’aller à leur rencontre à l’occasion du Salon de l’agriculture qui ouvre ses portes à partir du 24 février. Je ne doute pas que ce sera le lieu de débats animés à fortiori dans le contexte des élections européennes du 9 juin prochain.