Pharmacies de proximité : un répit obtenu mais la vigilance reste de mise
Dans beaucoup de villages et de quartiers, la pharmacie représente bien plus qu’un simple lieu de vente de médicaments. C’est un repère, un conseil de santé immédiat, un visage familier quand il faut trouver une solution rapidement. Ces officines sont essentielles : elles constituent souvent le dernier lieu de santé accessible dans des territoires déjà frappés par la désertification médicale.
Pendant la crise du COVID, elles ont été en première ligne : vaccination, dépistage, écoute, aide aux familles. Elles font partie de notre vie quotidienne et de l’équilibre de nos territoires.
Un réseau déjà fragilisé
Or, force est de constater que ce réseau déjà fragilisé se réduit d’année en année. En 2024, 300 pharmacies ont fermé leurs portes en France et plus de 1 200 sont aujourd’hui en grande difficulté financière, surtout dans les zones rurales. Ce sont des professionnels de santé de proximité, irremplaçables.
Pour les habitants, cela signifie des trajets plus longs, des délais plus lourds et, pour beaucoup, un sentiment d’abandon.
Une mesure contestée, suspendue sous la pression
Depuis le 1er septembre, le gouvernement avait choisi de plafonner drastiquement les remises commerciales accordées aux pharmaciens par les laboratoires sur les médicaments génériques et biosimilaires. Ces remises, jusque-là fixées à 40 % par l’État lui-même, constituaient un levier indispensable au fonctionnement des officines. Leur réduction brutale menaçait directement l’équilibre économique des pharmacies, en particulier dans nos territoires ruraux.
Le nouveau dispositif prévoyait une baisse progressive du plafond : de 40 % à 30 % aujourd’hui, puis à 20 % dès 2027 pour les génériques, et seulement 15 % pour les biosimilaires. Derrière ces chiffres, ce sont près de 600 millions d’euros par an qui disparaissent pour les pharmacies.
Concrètement, cela voulait dire moins de moyens pour payer les équipes, moins de services rendus, et parfois la fermeture pure et simple de l’officine. Dans certains villages, ce serait la fin du dernier service de santé de proximité.
Pour les patients, cela signifiait une dégradation de l’accès aux soins, l’émergence de véritables déserts pharmaceutiques et une inégalité croissante entre territoires. Les pharmaciens de l’Ariège avaient alerté : c’est un véritable « coup de grâce ».
Cette décision, prise sans réelle concertation et sans débat parlementaire, n’était pas acceptable.
Sous la pression d’une mobilisation massive, le gouvernement a annoncé hier la suspension temporaire de cette mesure. C’est une première victoire pour les pharmaciens, qui protestaient depuis cet été et ont su se faire entendre. Mais il ne s’agit que d’un répit de trois mois : rien ne garantit encore que la décision sera définitivement abandonnée.
Une mobilisation légitime
Le 18 septembre dernier, les pharmaciens s’étaient massivement mobilisés. En Ariège comme ailleurs, les officines ont baissé le rideau pour alerter sur les risques de fermetures et de nouvelles pénuries. Cette mobilisation, soutenue par les habitants, a montré à quel point la profession est en souffrance et combien les patients risquent d’être les premiers touchés. Dans notre département, il reste aujourd’hui 47 pharmacies, contre une soixantaine il y a quelques années seulement. Le danger des « déserts pharmaceutiques » est bien réel.
Je resterai vigilant
Je mesure pleinement les conséquences que ces décisions font peser sur la profession, sur les équipes, mais surtout sur les patients qui ont besoin d’un accès simple et sûr aux soins.
La suspension annoncée est une bonne nouvelle, mais elle ne règle pas tout. Plus que jamais, je resterai vigilant pour que le dialogue s’ouvre réellement entre le gouvernement et les acteurs concernés et pour que des solutions justes et durables soient trouvées.
Nos pharmacies de proximité ne sont pas un luxe, elles sont un pilier de notre système de santé et de l’équilibre de nos territoires. Les affaiblir, c’est affaiblir les habitants les plus fragiles.
L’avenir de notre santé publique mérite mieux qu’un passage en force : il exige du dialogue, de l’écoute et des décisions justes.