Ouvrir la voie du redressement de notre système de santé
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.La crise que connaît l’hôpital public n’est plus à démontrer. Il y a moins d’un an la commission d’enquête sur la situation de l’hôpital et du système de santé en France dressait l’état des lieux d’une situation catastrophique. Aujourd’hui, les soins ne peuvent plus être assurés dans des conditions acceptables, ni pour les patients, ni pour les soignants. Un point de rupture a été atteint engendrant des départs massifs de soignants, notamment des personnels infirmiers, et l’hôpital en est grandement fragilisé.
Problème du manque d'attractivité des métiers hospitaliers
Même si l’intérêt pour les métiers hospitaliers est manifeste, l’attractivité pose un problème. En cause, la faiblesse des salaires auquel le Ségur n’a pas totalement répondu, le manque d’effectif, l’épuisement, la pression permanente et surtout la crainte de commettre des erreurs. Ainsi, l’hôpital souffre et les départs massifs se poursuivent.
Ceux qui restent, assument davantage de gardes, de nuits, de week-ends pour pallier les vacances de poste. Ils font face à une perte de sens de leur métier, exercé dans la précipitation, sans que le temps auprès du patient soit suffisamment valorisé ou parfois même possible.
« Plus il y a de départs, plus les conditions de travail se dégradent pour ceux qui restent. Et plus les conditions de travail se dégradent, plus vous avez de nouveaux départs. » – Représentant syndical
Subir le quotidien, faire un mauvais travail, ne pas bien soigner les malades, n’est pas dans l’éthique de ces professionnels de l’hôpital public qui se sentent abandonnés par le système et ne voient plus de sens à leurs missions.
Redonner du sens au métier et poser les conditions de travail décentes
Car c’est avant tout par vocation qu’ils ont choisi d’exercer ce métier et aujourd’hui, ils n’ont plus le sentiment d’être au service des malades. Ce manque d’attractivité et les causes de ce mal-être, sont indissociables des conditions d’exercice des personnels de santé.
Pour y apporter une réponse, mon collègue socialiste Bernard JOMIER, a rédigé une proposition de loi, portée par l’ensemble de notre groupe, relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé.
Soutenue par l’ensemble des organisations de soignants, elle répond à une des préoccupations principales des personnels de santé : le manque de temps et de moyens humains qui concourent à la dégradation de la qualité de vie au travail et de la qualité des soins.
Nous souhaitons à travers cette proposition de loi instituer pour chaque spécialité et type d’activité de soin, un ratio minimal de soignants par lit ouvert ou par nombre de passages pour les activités ambulatoires. Ce ratio servira à déterminer le nombre minimal d’infirmiers ou infirmières et d’aides-soignantes ou aides- soignants de jour et de nuit présents et prévus en équivalents temps plein rémunérés (ETPR).
Il sera établi au plan national par la Haute Autorité de Santé, dont l’indépendance, notamment à l’égard des financeurs, est garantie.
Ainsi, en instituant des ratios « patients par soignant » nous souhaitons améliorer la qualité et la sécurité des soins, donner du sens et de la qualité de vie au travail des personnels. Ce levier permettra de lutter contre l’épuisement professionnel et constituera un investissement positif en termes financiers.
Avoir du temps pour soigner, pour s’occuper des patients devient indispensable pour redonner du sens aux métiers du soins et ce n’est qu’à cette condition que nous aurons droit à des soins de qualité et que nous parviendrons à sauver un service public indispensable à notre société.
Ce texte va dans le bon sens et je me réjouis de son adoption à une très large majorité au Sénat. Gageons qu’en replaçant les patients au cœur du dispositif hospitalier cela donne un signe fort aux soignants et qu’ils retrouvent espoirs et sens à leurs missions.
Je souhaite également que l’Assemblée nationale puisse examiner prochainement de texte en vue d’une adoption rapide. Il en va du maintien dans notre pays d’un niveau de qualité et de sécurité des soins conforme aux attentes de nos concitoyens.