Un texte utile sous certains aspects, mais loin d’une « nouvelle donne territoriale » !

Après un premier examen au Sénat à l’été 2021, le projet de loi « différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification », plus communément appelé « 3DS », a été définitivement adopté le 9 février dernier.

Avec mes collègues sénatrices et sénateurs du groupe socialiste, écologiste et républicain, j’ai voté en faveur de ce texte.

L’honnêteté oblige à reconnaître qu’il n’est pourtant pas tout à fait à la hauteur des attentes suscitées, et traduit très imparfaitement l’engagement du Président de la République d’ouvrir « une nouvelle donne territoriale ». Son ambition décentralisatrice est tout à fait modeste : il se résume pour l’essentiel à un assemblage de mesures disparates et techniques sans cohérence véritable.

Pour autant, parmi les quelques 270 articles de cette loi, on compte des correctifs utiles et des améliorations bienvenues, et ce sont pour ces quelques mesures positives, dont mon groupe a parfois été l’initiateur, que j’ai décidé de voter en faveur de ce texte.

Parmi les motifs de satisfaction, je retiendrai les points suivants :

Enfin, des moyens nouveaux sont données pour lutter localement contre la désertification médicale :

Pour autant, j’aurais espéré un texte plus ambitieux qui inaugure une nouvelle « ère de la décentralisation ». C’est le sens des amendements que mon groupe et moi-même avons proposé.

Je regrette notamment que des mesures pourtant nécessaires à l’approfondissement de la décentralisation aient fait les frais du compromis entre l’Assemblée nationale et le Sénat, essentiellement en raison de l’opposition du gouvernement. J’en veux pour exemple la proposition d’un mécanisme d’actualisation du coût des compétences transférées qui aurait permis de réviser tous les cinq ans le coût d’exercice et de gestion de ces transferts pour tenir compte de l’inflation, du coût actualisé de l’exercice des compétences transférées et du nombre de bénéficiaires directs et indirects de ces dernières.

Autant de regrets qui sont la preuve que les chantiers sont encore nombreux en matière de décentralisation. En raison du prisme trop centralisateur du Président de la République, il n’aura pas été possible de les faire aboutir au cours de ce quinquennat.

Pourtant, de la crise des « gilets jaunes » à la crise sanitaire, l’excès de centralisation a démontré ses limites et ses travers. Cela ne signifie pas que l’État doit s’effacer devant les collectivités territoriales, mais qu’il doit en être réellement le partenaire. Je crois à un État fort qui assure l’unité nationale et l’égalité entre ses citoyens où qu’ils se trouvent sur le territoire. Toutefois, si l’État est le garant de ces principes, l’État centralisateur n’en est plus l’unique condition.

Cela signifie que l’État doit tirer toutes les conséquences des compétences décentralisées et qu’il ne peut plus conserver une présence et un rôle dans ces domaines, mobilisant ainsi des moyens humains et financiers qui seraient plus utiles à l’exercice de missions régaliennes ou prioritaires. Cela suppose que l’État doit également consentir à de nouveaux transferts de compétences lorsque les collectivités territoriales les sollicitent.

Enfin, il nous semble nécessaire que l’État garantisse aux collectivités les moyens de leur autonomie financière par la création d’une loi de financement des collectivités territoriales, la redéfinition du ratio d’autonomie financière, la révision des dotations de l’État, la réforme fiscale ou encore la compensation intégrale et évolutive de transfert de charges de l’État.

C’est un chantier considérable et exaltant. Je forme le vœu que le prochain quinquennat permettra d’en bâtir les fondations.

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