La situation des EHPAD du Fossat et de Fabas : symbole des dangers de la financiarisation de la santé
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La liquidation du Groupe Médicharme témoigne des travers de la marchandisation du secteur médico-social et laisse les résidents et les personnels de deux EHPAD ariégeois du Fossat et de Fabas, dans l’attente anxieuse de repreneurs.
Véritable fléau, la marchandisation de la santé s’accentue en France.
Médicaments, laboratoires, radiologies, cliniques, EHPAD, … à tous les niveaux la recherche du profit maximum met petit à petit fin aux principes fondamentaux de notre « Sécurité Sociale » : équité, solidarité et qualité.
Le modèle des Ehpad privés à but lucratif atteint ses limites
Nouvel exemple des méfaits de la financiarisation dans le domaine de la santé : la mise en liquidation judiciaire le 29 février dernier, du groupe d’Etablissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad) Medicharme. L’avenir de leurs deux établissements Ariègeois du Fossat et de Fabas est donc très incertain.
La gestion des EHPAD par le groupe privé Médicharme illustre cette recherche de super profit dans le domaine médico-social avec la mise en place d’un système délétère de vente de chaque chambre de résidents à de multiples investisseurs privés dans une course effrénée au profit (la funeste vente à la découpe). On assiste ainsi à une déresponsabilisation totale du secteur financier uniquement mû par la recherche de « l’or gris ».
Chacun d’entre nous : personnellement et par ses proches sera, un jour, confronté aux enjeux liés au vieillissement. Il est ainsi plus qu’urgent de s’emparer des problématiques du grand âge, ce que le gouvernement ne fait pas avec ses renoncements successifs à une grande loi sur le sujet pourtant maintes fois évoqué.
C’est sur le terrain des renoncements de l’Etat que prospère les grands groupes privés gérant les EHPAD comme des produits financiers susceptibles d’octroyer des surprofits à leurs actionnaires et, ce, au détriment des prestations fournies aux résidents : rationnement de la nourriture et des prestations du quotidien.
La rémunération des personnels est bien souvent, elle aussi, sacrifiée à l’aune des surprofits des actionnaires, toujours et encore au détriment des résidents qui ne bénéficient pas d’un encadrement satisfaisant. Nous sommes bien loin de l’éthique du soin !
Du fait de la pandémie de 2019 et du scandale Orpéa, suivis d’une forte inflation des prix, nombres d’établissements d’accueil des personnes âgées ont subi une crise : baisse de leur remplissage, obligations -enfin !- par les Agences Régionales de Santé de mettre à niveau la qualité de leurs services induisant une augmentation de leurs charges. « L’or gris » s’est alors transformé en plomb !
Très forte mobilisation des élus du territoire
Si les deux établissements ariégeois de Médicharme n’ont pas subi de manquements notoires, les résidents et les personnels peuvent tout de même être les victimes de l’écroulement du groupe ! En effet, la Madrague au Fossat, de par sa faible capacité et la rémunération à verser aux investisseurs, semble peiner à attirer des repreneurs.
Il faut saluer l’engagement des Communautés de communes de l’Arize-Lèze et du Couserans ainsi que la mobilisation de la Présidente du Département de l’Ariège, Christine Téqui, afin de ne laisser personne sans solution.
Je suis aux côtés de Laurent Panifous, Député de l’Ariège, dans son combat pour l’avenir de ces structures afin de relayer au Sénat le travail qui pourra être impulsé à l’Assemblée nationale et soutenir les démarches entreprises.
Les sénateurs socialistes se battent contre la financiarisation du système de santé
Depuis plusieurs années déjà, les sénateurs socialistes alertent sur les dangers de la financiarisation de notre système de santé et, en particulier, dans le secteur des EHPAD privés lucratifs.
En 2022, le rapport d’information sénatorial, corédigé par ma collègue Michelle Meunier, demandait d’assainir le secteur des EHPAD et recommandait de supprimer les dispositifs de défiscalisation des investissements, source de scandaleux surprofits et de manque à gagner pour la collectivité.
De même, dans le cadre des successifs projets de loi de financement de la sécurité sociale et très récemment sur la proposition de loi bien vieillir, avec les sénateurs socialistes, nous avons introduit des propositions afin de moraliser le secteur. Par exemple, l’obligation pour les EHPAD privés lucratifs de réserver 10% de leurs bénéfices à l’amélioration de la qualité de prise en charge de leurs résidents. Je regrette que ces amendements n’aient pas été retenus.
Le Sénat continue cependant son travail de fond et deux missions d’information l’une sur la situation des EHPAD et l’autre sur la financiarisation du système de santé déboucheront sur des solutions concrètes d’ici quelques semaines. Je m’y attacherai avec l’ensemble de mon groupe politique.
Il ne faut pas que la faillite d’un groupe comme Médicharme, une première en France, se reproduise.