Harcèlement scolaire et cyberharcèlement : les fondements du vivre ensemble menacés

Qui d’entre nous n’a pas entendu parler de harcèlement scolaire ? Que ce soit aux informations télévisées, à travers les journaux, les radios ou dans notre entourage, les faits font malheureusement trop souvent partie de notre actualité.

Trop de jeunes aujourd’hui vont jusqu’à l’irréparable, jusqu’au au pire, car ils n’en peuvent plus à l’image de Chanel, 12ans, Thybault, 12 ans, Dinah, 14 ans et bien d’autres, victimes de harcèlement scolaire parfois depuis plusieurs années.

Insultes, cruauté, isolement, humiliations, brimades, racket… Le harcèlement en milieu scolaire constitue l’une des formes de violence les plus graves de conséquences. Car, moins visible que les violences physiques, le harcèlement détruit, de manière insidieuse et durable, avec des conséquences extrêmement dommageables pour les victimes.

Alors que ces adolescents sont à une période de leur vie où l’insouciance doit régner, ce fléau n’épargne aucun établissement, aucune région, aucun milieu social. Chaque année, près de 10 % des élèves en sont victimes, soit entre 800 000 et 1 000 000 d’enfants dont ¼ de collégiens et principalement des jeunes filles.

Un effet de meute démultiplié par les nouvelles technologies

Force est de constater que ces violences ont pris de l’ampleur dans un environnement cyber difficilement saisissable, avec une mauvaise utilisation du numérique : téléphones, réseaux sociaux, messageries, forums, «chats », jeux en ligne, site de partage de photographies, etc…..ainsi, le harcèlement entre élèves se poursuit en dehors des établissements scolaires et donc au-delà des temps scolaires, il peut se propager toute la journée et toute la nuit, excluant parents et éducateurs. On parle alors de cyber-harcèlement.

« L’anonymat peut devenir le terreau de toutes les lâchetés », a pointé Sabine Van Heghe sénatrice socialiste du Pas-de-Calais

Il fallait donc s’atteler avec détermination à comprendre ce phénomène pour mieux le combattre.

 Car, l’enjeu est de taille, il va au-delà de l’école, il est important pour l’ensemble de la société.

Comprendre pour mieux combattre

Cela fait 10 ans seulement que les politiques publiques ont pris en compte ce fléau en mettant en place des actions, des partenariats entre l’Éducation nationale et les grands services publics (Police/Gendarmerie, Justice, Santé, etc.)  et cela s’est poursuivie au-delà des alternances politiques, par les ministres de l’Éducation nationale successifs. Beaucoup de travail est fait également sur le terrain par les associations de victimes.

Mais aujourd’hui, il est plus que jamais nécessaire d’aller plus avant.

C’est précisément l’objet de la mission d’information sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement créée au Sénat, présidée par ma collègue Sabine Van Heghe.

Au terme de deux mois d’audition avec les différents ministres en charge du dossier, les représentants de la communauté éducative, les principales associations de prévention et de lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement, ainsi que les gestionnaires de réseaux sociaux, les sénateurs ont remis leur rapport et émis 35 recommandations.

La priorité est à une action déterminée pour mieux prévenir, détecter et traiter

De nombreux outils existent pour lutter contre le harcèlement scolaire : des numéros d’appel comme le 3020 et le 3018 spécifiquement pour le cyberharcèlement, ainsi qu’un
site public dédié, un concours national ou une journée annuelle de sensibilisation début novembre
sans oublier le dispositif des « élèves ambassadeurs ». Il existe aussi des opérations locales de sensibilisation conduites par les équipes pédagogiques et éducatives des établissements scolaires. D’ailleurs, la presse départementale a récemment relayé le travail réalisé au sein du collège Gaston-Fébus de Mazères ou encore au collège Rambaud de Pamiers.

Car, malheureusement, ces outils mis en place restent encore trop méconnus des élèves et des familles.

Or, la prévention est une nécessité absolue pour éviter que ces comportements ne surviennent et il est nécessaire de mettre en place de nouvelles réponses mieux adaptées, en construisant un climat scolaire de qualité et de confiance afin de libérer la parole des enfants. Ainsi enseignants, conseiller principal d’éducation, assistants d’éducation, infirmière scolaire ou personnels de cantine, tous ces acteurs doivent être des sentinelles, des relais d’écoute et d’alerte.

Par ailleurs, mes collègues sénateurs précisent, à juste titre, qu’il est important que chaque enfant connaisse précisément ses droits et devoirs. Et, si des cas de harcèlement scolaire subsistent malgré la prévention, il est nécessaire de sanctionner les harceleurs et d’agir également auprès des témoins pour qu’ils comprennent ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, car le harcèlement est illégal.

Pour « traiter » le phénomène, les sénateurs insistent sur la généralisation des partenariats déjà conclus dans certaines académies entre l’Éducation nationale, la Gendarmerie ainsi que la Justice. Ils défendent une justice restaurative en généralisant les travaux d’intérêt général combinés à des sanctions pour les harceleurs et précisent qu’il faut éviter, comme c’est trop souvent le cas, que ce soit l’élève harcelé qui doive quitter l’établissement, car la victime ne doit pas subir une « double peine ».

Parce-que le harcèlement scolaire ne doit pas être considéré comme une « normalité » nous devons mener un combat quotidien aux côtés des politiques publiques engagées, un combat qui nous concerne tous, tant les conséquences pour notre société sont graves.

Ainsi, comme le préconise le rapport, nous devons dès le 1er janvier 2022, nous saisir de la présidence française de l’Union européenne, pour vérifier que les objectifs assignés aux réseaux sociaux en matière de suppression des contenus litigieux sont bien atteints ; pour favoriser la
« dissuasion par la publicité » en stigmatisant les « mauvais élèves du monde cyber ».

RESEAUX SOCIAUX

Article 5 de la loi Pour une École de la confiance : « Aucun élève ne doit subir, de la part d’autres élèves, des faits de harcèlement ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions d’apprentissage susceptible de porter atteinte à ses droits et à sa dignité ou d’altérer sa santé physique ou mentale.

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