Bâtiment : construire en Ariège les compétences de demain

Le secteur du bâtiment est sous tension, 300 offres d’emploi n’ont pas trouvé de réponse en 2021 dans notre département faute de profils correspondants aux compétences nécessaires.

Alors quand la fermeture du bac pro maçonnerie du Lycée Bergès a été annoncée, c’est toute l’Ariège qui s’est mobilisée !

Comment admettre une telle décision ?  Victime de leur déficit d’image, les métiers du bâtiment peinent à recruter et les formations initiales à se remplir. Pourtant c’est un secteur en pleine mutation qui offre de vraies perspectives de réussite sociale même pour ceux commençant par une formation « métier ». Trop souvent encore l’entrée dans une formation professionnelle du bâtiment se fait via une orientation par dépit !

Un déficit d’image à relever tant au niveau du système éducatif que de la filière du BTP.

Renouveler l’image des métiers du bâtiment

Le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) a longtemps été l’un des moteurs de la croissance en France. Mais sensible à la conjoncture économique, il pâtit dès 2008 de la contraction de ses marchés. L’arrêt brutal de l’économie mondiale au début de la crise sanitaire est venu gripper quelques mois la reprise de l’activité de la filière et a surtout frappé durement le secteur de la formation en grande partie dispensée via l’apprentissage.

Si elles sont multiples, les raisons des difficultés de recrutement ont toutes été exacerbées – plus ou moins directement – par les conséquences de la crise sanitaire sur l’emploi : le niveau inédit de création d’emplois en sortie de crise, la concurrence sur la main-d’œuvre, le déficit d’image des métiers, les conditions de travail perçues comme davantage difficiles, le déficit d’attractivité dans certains secteurs ou encore l’inadaptation de la formation professionnelle aux besoins des entreprises.

Confronté de longue date à un déficit d’attractivité de ses métiers, la filière de la construction est consciente de sa mauvaise image. Pour cela, ses acteurs œuvrent en permanence pour inverser cette tendance et travaillent chaque jour avec les professionnels pour améliorer l’image du secteur auprès des jeunes et des personnes à la recherche de nouveaux challenges.

Car loin des clichés encore largement répandus, les métiers du bâtiment sont en pleine métamorphose et évoluent en intégrant les préoccupations de leur époque, tout en conservant leurs valeurs fondamentales, à savoir, construire quelque chose de ses mains dans le cadre d’un travail collectif qui crée du sens. La numérisation, le développement durable, la féminisation, les possibilités de mobilité et de promotion interne sont autant de leviers que les entrepreneurs ont tout intérêt à activer pour montrer un nouveau visage et renforcer leur attractivité. Ce sont aussi les conditions de pénibilité qui sont de plus en plus prises en compte, à l’exemple des sacs de ciment qui ont vu leur charge baisser de 50 à 35 kg.

Toutefois des freins persistent comme la question de la mobilité car de nombreux salariés, particulièrement les jeunes qui n’ont pas le permis de conduire ou pas encore les moyens d’acquérir une voiture, renoncent à travailler dans des entreprises implantées en zone rurale.

Pour une formation choisie et non subie

Parmi les professions du bâtiment qui recrutent le plus, les maçons sont en tête. Le « gros œuvre » nécessite aujourd’hui des profils en capacité d’intégrer des compétences nouvelles exigées par les évolutions du métier. La formation a là tout son rôle à jouer pour accompagner l’innovation technique et mieux répondre aux besoins des entreprises. Si les apprentis sont majoritaires, la surreprésentation est particulièrement forte au niveau du Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP), premier niveau de qualification, mais ne représente que 45% pour le bac pro du BTP. Ce dernier, apprécié par toutes les tailles d’entreprises, peut constituer l’antichambre de poursuite vers une formation de technicien supérieur.

L’Ariège a la chance de disposer d’un lycée professionnel dédié aux métiers du bâtiment : le Lycée Aristide Bergès à Saint Girons propose à nos jeunes des formations diplômantes dans des locaux disposants des plateaux techniques nécessaires à la mise en pratique des enseignements. Accompagnés par une équipe pluridisciplinaire impliquée et compétente, nos jeunes peuvent être accueillis à Saint-Girons quel que soit leur lieu de vie grâce à l’internat et en effet, le bassin de recrutement de l’établissement déborde largement sur la Haute-Garonne. L’établissement bénéficie depuis plusieurs années d’investissements importants de la Région qui ont permis de rénover les locaux et d’acquérir des équipements de pointes.

La formation Bac Pro de Saint-Girons ne doit pas disparaître !

L’annonce par le Rectorat du gel de la formation Bac Pro « technicien du bâtiment organisation et réalisation du gros-œuvre » pour manque d’effectifs a plongé l’équipe pédagogique dans l’incompréhension. Car une telle décision signifie la fermeture de la section pour la rentrée 2023 et l’impossibilité dès cette fin d’année scolaire, de s’y inscrire alors que des élèves de la classe de seconde attendent leur passage en classe de 1ère du Bac Pro Gros œuvre.

En réponse à l’appel à mobilisation lancé par l’ensemble du personnel, avec les élus locaux mais aussi les professionnels de la filière dont le Président de la Fédération du BTP de l’Ariège, j’étais à Saint- Girons pour leur apporter mon soutien et dire ma consternation face à cette décision. J’avais dès la veille appelé par courrier M. le Recteur d’Académie à reconsidérer sa décision au vu des enjeux pour nos jeunes, nos entreprises et notre territoire. Car, alors que les entreprises du bâtiment connaissent des tensions dans le recrutement de personnes qualifiées, il est difficilement concevable que de cette formation puisse être sacrifiée.

C’est avec grand soulagement que la décision de M. le Recteur de sursoir pour la future rentrée à la décision de fermeture a été accueillie.

Une année pour étoffer les effectifs de la section gros œuvre ! L’équipe pédagogique et la filière du bâtiment sont prêtes à relever le défi pour que l’orientation vers cette formation ne soit plus faite par dépit mais puisse être choisie par motivation. Les visites dans les collèges, des journées portes ouvertes, l’accueil de jeunes pour la découverte des enseignements du lycée des métiers du bâtiment sont autant de leviers qui depuis deux ans n’ont pas pu être mobilisés pour cause de pandémie.

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