Lutter contre les déserts médicaux et améliorer l’accès aux soins : un combat quotidien

Aujourd’hui, six millions de Français, dont 600 000 en affection de longue durée (ALD), n’ont pas de médecin traitant. Faute de personnel soignant et de médecins, de nombreux hôpitaux subissent de plein fouet les conséquences de cette pénurie généralisée et sont contraints de fermer temporairement et parfois même définitivement leur service d’urgences.

Des situations qui deviennent chroniques

Mon collègue Jean-Claude Tissot, Sénateur de la Loire est intervenu à ce sujet le 12 avril dernier lors de la séance des questions au Gouvernement. Il a interpellé le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, sur la fermeture des urgences dans son département tout en citant d’autres exemples tous aussi concrets, soulignant les nombreuses inquiétudes des patients et des professionnels du soin.

Cette situation, nous la connaissons aussi en Ariège avec la « régulation » ou le « filtrage » des urgences au CHAC sur certaines périodes, en juillet et août 2022 ou encore en début d’année, mais aussi en Pays d’Olmes avec la fermeture du service des urgences depuis 2020 à la suite de la pandémie où les équipes de Lavelanet sont venues renforcer celles du CHIVA pour faire face au flot de malades. Alors que ces situations devaient être limitées dans le temps, elles deviennent malheureusement chroniques.

Or, le simple « transfert » vers d’autres services d’urgence notamment le CHIVA en ce qui concerne le bassin du Pays d’Olmes et du Chalabrais est problématique compte tenu des distances qui sont bien plus longues pour des situations nécessitant des prises en charge immédiates. 

Conscient de cette situation, je suis récemment venu apporter mon soutien aux sapeurs-pompiers du pays d’Olmes en réclamant auprès de l’Agence Régionale de Santé la réouverture des urgences de Lavelanet au plus vite. Il s’agit en effet d’une demande forte de l’ensemble de la profession tant leur activité est impactée depuis la fermeture des urgences du CHPO. En effet, les pompiers ont des temps de transports hospitaliers supplémentaires pour évacuer les patients sur le CHIVA, ce qui engendre des conséquences sur leurs disponibilités pour d’autres interventions.

Cette réouverture permettrait à la fois de conforter leur travail mais également de désengorger les urgences du CHIVA qui ne manquent pas d’activité.

Loi RIST : une réflexion pour résorber l’écart entre le besoin et l'offre de soins

Pour faire face à l’insuffisance de l’offre de soins médicaux par rapport aux besoins croissants de la population, des solutions à court terme s’imposent. Plus que jamais nous devons répondre à l’enjeu primordial de l’accès aux soins mais aussi à l’enjeu d’attractivité et de fidélisation des soignants. Ainsi des pistes de réflexion ont été soulevées et notamment celle d’un repositionnement des professionnels.

C’est le sens de la proposition de loi RIST qui vise à fluidifier le parcours de soins des patients en leur permettant d’accéder directement à certains infirmiers spécialisés – que l’on appelle « infirmiers en pratique avancée » (IPA) -, sans avoir à passer par un médecin. L’objectif étant d’améliorer le suivi des pathologies chroniques tout en libérant du temps médical aux médecins. La proposition de loi prévoit également des assouplissements pour l’accès aux masseurs-kinésithérapeutes et aux orthophonistes, si ceux-ci exercent dans une maison de santé, un centre de santé ou au sein d’une équipe de soins primaires ou spécialisés. Elle élargit de plus les compétences de plusieurs professions paramédicales et revoit la permanence des soins.

Les sénateurs ont encadré le dispositif de manière à garantir la sécurité des soins et conserver le rôle central du médecin dans la coordination et le suivi des patients.

Si l’objectif de cette loi est « consensuel » d’après les différentes interventions venues de l’ensemble des bancs de l’hémicycle, cet élargissement des compétences des « infirmiers en pratique avancée » (IPA), tel que proposé par le gouvernement, n’a pas manqué de faire polémique, opposant les professions entre elles. C’est donc dans un climat détérioré que ce texte a été examiné.

Des sénateurs de tous bords ont d’ailleurs dénoncé l’empressement du gouvernement dans la procédure législative, alors que les négociations conventionnelles entre les syndicats de la médecine libérale et la Sécurité sociale étaient en cours.

Même si l’on peut saluer quelques avancées, ce texte nécessite cependant l’encadrement des pratiques abusives, et à mon sens doit être mis en œuvre dans les établissements publics autant que privés.

L’Assemblée nationale et la Sénat n’étant pas parvenu à un accord sur un texte identique, la Commission mixte paritaire (CMP) s’est réunie le 6 avril dernier au Sénat.

Alors que notre système de soins est dans un état de tension extrême et que le Gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires à une coopération apaisée et respectueuse entre les différentes professions de santé, mes collègues Bernard Jomier et Émilienne Poumirol ont indiqué, au nom du groupe Socialiste, leur souhait de voir aboutir un accord même si les deux rapporteures avaient annoncé que les conditions n’étaient pas réunies.

Avec mes collègues, nous nous réjouissons des propositions concrètes qui ont été avancées et qui ont permis de débloquer la situation, en particulier sur la question des infirmiers de pratique avancée (IPA).

Sortir des logiques autoritaires et valoriser les métiers des personnels

Cet accord entre députés et sénateurs permet de nouveaux partages de tâches sans désorganisation des parcours de soins. Ainsi, les infirmiers, les orthophonistes, les kinésithérapeutes, les pharmaciens biologistes, les pédicures podologues, les assistants dentaires et les opticiens lunetiers voient leur rôle accru dans le respect du rôle essentiel et pivot des médecins.

Cette proposition de loi sera un élément utile au service d’une meilleure offre de soins. Mais tant que le Gouvernement refusera d’investir plus fortement dans la formation, la pénurie de personnel persistera et le déploiement des IPA restera cantonné au texte de la loi.

De manière plus globale, pour mettre fin aux fermetures successives dans nos territoires, il est indispensable de renforcer l’attractivité de nos hôpitaux, ce qui à mon sens ne pourra passer que par une réforme d’ampleur pour revaloriser les salaires et améliorer les conditions de travail à l’Hôpital.

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