𝗟e gouvernement recule, les territoires trinquent ! Crise dans l'économie sociale et solidaire
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Alors que l’économie sociale et solidaire (ESS) constitue un levier majeur du développement local en Ariège, elle est aujourd’hui confrontée à une menace sérieuse : la baisse des financements publics. Ce secteur joue un rôle essentiel dans la cohésion sociale, l’insertion professionnelle et le maintien de services de proximité. Face à l’instabilité budgétaire et à des arbitrages nationaux préoccupants, les acteurs de l’ESS tirent la sonnette d’alarme. Ainsi, un engagement clair et durable de L’État est nécessaire.
L’ESS, une force vive de notre économie locale
Avec une Économie sociale et solidaire (ESS) qui représente 19,2 % des emplois salariés privés en 2023, le département de l’Ariège se classe au 5eme rang national en termes de poids de l’ESS dans le total des établissements employeurs. Ce chiffre témoigne non seulement du dynamisme du tissu associatif, coopératif et mutualiste local, mais aussi de la place centrale qu’occupe l’ESS dans l’équilibre économique et social du territoire. Ce sont plus de 5 500 femmes et hommes engagés au quotidien dans des structures qui œuvrent dans des domaines aussi essentiels que l’aide à domicile, l’insertion par l’activité économique, la culture, le sport ou encore les circuits courts agricoles.
Ce sont par exemple des assistant·es de vie auprès de nos aînés, des aides-soignant·es à domicile, des animateurs et animatrices qui encadrent les enfants sur les temps péri et extra-scolaire, mais aussi des salarié·es d’entreprises coopératives sous statut SCOP qui contribuent à faire vivre une économie locale et durable.
Dans un département rural comme le nôtre, où l’implantation d’activités économiques classiques peut s’avérer plus complexe, l’ESS constitue un acteur essentiel de l’économie locale tant en matière d’insertion professionnelle, de services à la population que de cohésion territoriale.
Un choc social en perspective
À ce titre, les décisions budgétaires nationales ont un impact direct et parfois déstabilisant sur ce secteur structurant. Le projet de loi de finances pour 2025, en prévoyant une baisse des crédits alloués aux réseaux de l’ESS, a suscité une vive inquiétude chez les acteurs locaux et nationaux. D’autant plus que les baisses budgétaires passent aussi bien par les crédits alloués à la culture, sports, social, qui sont des secteurs souvent liés à l’ESS, que par ceux destinés aux têtes de réseau. Les conséquences potentielles sont lourdes : suppression de postes, fragilisation des structures, diminution de l’offre de services de proximité, notamment dans les zones rurales déjà en tension.
Bien qu’une augmentation des crédits ait été annoncée en novembre 2024, en réponse à la forte mobilisation du secteur et à la contestation de cette baisse initiale, les acteurs du soutien de proximité à l’ESS restent dans l’incertitude. Aucune information précise n’a été communiquée quant au montant réel de cette revalorisation, ni sur les modalités de sa répartition. Cette opacité crée un climat d’instabilité, alors même que ces structures ont besoin de visibilité pour planifier leurs activités et maintenir leurs engagements.
Une remise en cause préoccupante des soutiens publics
C’est dans ce contexte préoccupant qu’en tant que Président du groupe d’études Économie sociale et solidaire au Sénat, je me suis saisi de ce sujet crucial. Face à des coupes budgétaires touchant également les collectivités territoriales, qui sont souvent partenaires et soutiens de l’ESS sur le terrain, il est impératif de rappeler le rôle irremplaçable de ce secteur dans la vitalité économique et la cohésion sociale des territoires.
Alors que l’ESS est plus que jamais appelée à jouer un rôle de rempart contre les fractures sociales et territoriales, elle est paradoxalement fragilisée par les politiques budgétaires en cours. Il est donc urgent que le gouvernement clarifie ses intentions et garantisse un soutien pérenne à ces structures qui incarnent une économie au service de l’intérêt général.
Or, la remise en cause de l’enveloppe initiale supplémentaire par des annonces du gouvernement en avril lors du Conseil Supérieur de l’ESS auquel j’ai participé, aggrave encore les préoccupations des acteurs de l’ESS.
Pour un engagement clair et durable
J’ai alors interrogé Madame la ministre déléguée du Commerce, de l’Artisanat, des petites et moyennes entreprises et de l’Economie sociale et solidaire quant à la façon dont le gouvernement entend répondre aux inquiétudes des acteurs de l’ESS devant ce non-respect de la parole de l’Etat.
Si la réponse du gouvernement a apporté des précisions sur les sommes allouées, elle confirme la baisse de 7 millions des crédits votés. Le budget est donc bien insuffisant au vu de la situation déjà critique de ce secteur.
Nous ne pouvons pas laisser l’économie sociale et solidaire être la variable d’ajustement budgétaire de politiques nationales déconnectées des réalités de terrain. Ainsi, la question des crédits alloués à l’ESS est centrale, particulièrement dans un contexte où les multiples coupes budgétaires effectuées par l’Etat dans d’autres secteurs affectent déjà ses acteurs.