AESH et AED des métiers en quête de reconnaissance
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« En ce matin de rentrée scolaire mon garçon ne s’est pas levé pour prendre le petit‑déjeuner avec son frère et sa sœur ! Non, lui il n’a pas école, car il n’a pas d’AESH (…) ».
Témoignage issu du rapport de la Défenseure des droits L’accompagnement humain des élèves en situation de handicap publié en 2022
AESH et AED qui sont-ils ? Quel est leur rôle ?
Ces Accompagnants d’Enfants en Situation de Handicap (AESH) sont des acteurs clés de l’école inclusive depuis la maternelle au lycée. Ce sont souvent des femmes (93%) qui sont agents publics non titulaire, recrutées en contrat à durée déterminée (CDD) pour une année scolaire.
En classe, les AESH apportent une aide humaine qui répond à des besoins particuliers de l’élève liés à des déficiences motrices, sensorielles, intellectuelles, psychiques ou à une maladie invalidante. Ils aident donc les élèves à suivre les cours et les guident pour mieux apprendre, les aidant ainsi à développer leur autonomie, leur capacité à communiquer et à s’exprimer. Pour les parents, ils représentent un espoir de scolarité normale. Pour les enseignants, ce sont des soutiens précieux pour continuer à faire cours à des classes de trente élèves aux niveaux disparates.
Les assistant.es d’éducation (AED) exercent une mission d’animation, d’encadrement et de surveillance. Ceux que l’on a longtemps appelé « les pions » représentent des maillons importants de l’action éducative. Par leur présence régulière auprès des élèves, ils contribuent à la qualité du climat scolaire, viennent en soutien aux enfants dans leurs difficultés d’apprentissage, participent au développement du « vivre ensemble » et permettent de détecter des situations préoccupantes comme celles liées, entre autres, au harcèlement scolaire.
Ce sont des agents non titulaires de l’État. Ils sont recrutés par contrat de droit public d’une durée de 1, 2 ou 3 ans renouvelable plusieurs fois et ce pour une durée n’excédant pas 6 ans. Lorsqu’un un nouveau contrat est conclu avec une personne ayant exercé pendant 6 ans en qualité d’AED, ce contrat est à durée indéterminée. L’assistant d’éducation est rémunéré au SMIC quelle que soit son ancienneté.
Tous ces personnels AESH, AED accompagnent chaque jour les enfants de notre pays. Ils sont des acteurs indispensables de la vie scolaire, ils concourent à l’éducation de nos enfants et adolescents avec lesquels ils créent une véritable relation de confiance et de proximité.
État des lieux
Ces personnels ont en commun un rôle clé pourtant ils sont très peu reconnus, en sous-effectif et bien mal rémunérés. Ils ont un statut à la fois fragile et précaire.
En effet, la réalité de la profession d’AESH, c’est plutôt :
- L’affectation dans différents établissements. Les temps de trajet, le coût des déplacements, en particulier en milieu rural, ont aussi détérioré leur situation en termes de pénibilité comme de budget.
- des temps partiels subis car il est impossible d’effectuer un temps de travail hebdomadaire de 39h sur le temps scolaire. (ce qui les conduit donc à cumuler d’autres « petits » contrats),
- six ans de contrat précaire – CDD de trois ans renouvelable une fois (80% des AESH exercent en CDD), avant d’obtenir éventuellement un CDI
- une prise en charge simultané de plusieurs enfants
- la possibilité d’être remerciés si les budgets disponibles ne sont pas au rendez-vous,
- un salaire en moyenne de 850 euros nets par mois pour 20 à 25h de travail hebdomadaire.
De leur côté, les AED ont été pendant longtemps majoritairement recrutés parmi les étudiants engagés dans un cycle d’études supérieures. Aujourd’hui seulement un quart des AED sont des étudiants et nombreux sont ceux une charge de famille.
Ces dernières années, beaucoup d’entre eux ont souhaité se professionnaliser afin de sécuriser leur parcours sur le long terme, ce que ne permet pas l’enchaînement de contrats courts et l’absence de revalorisation salariale.
Pourtant leur statut n’ayant pas évolué depuis 2003, ils ne peuvent toujours être recrutés qu’en CDD, renouvelable avec seulement depuis l’été 2022, une possibilité de signer un CDI si leur contrat est renouvelé au-delà de 6 ans.
Des professionnels investis mais en nombre insuffisant
Le manque d’attrait salarial, les conditions de travail dégradées, l’impossibilité de concilier études ou formations professionnelles et temps de présence plus important dans les établissements scolaires ont entraîné une crise de recrutement. Or le besoin d’accompagnement des élèves en situation de handicap progresse significativement chaque année. Même si 4000 postes ont été créés en 2022 et qu’il en sera de même pour 2023, ceux-ci ne permettront malheureusement pas de répondre à la demande de plus en plus croissante. 430 000 enfants en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire dont 64% ont une notification d’aide AESH alors que seulement 132 000 accompagnants sont en poste. On voit bien que cet effort n’est pas la hauteur des besoins. Ce constat inquiète dans la mesure où face aux carences du service public de l’éducation, un marché de l’accompagnement privé se développe et génère une rupture d’égalité de fait entre les élèves en situation de handicap, en fonction des revenus des parents.
Sortir les AESH et AED de la précarité
Avec mes collègues, socialistes nous avons pu faire adopter à l’unanimité des sénateurs, la proposition de loi visant à lutter contre la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) et des assistants d’éducation (AED), issue d’un texte des députés socialistes et apparentés, discutée en première lecture par l’Assemblée nationale en janvier 2022.
Grâce au vote de ce texte, la situation très précaire des AESH, et des AED va être nettement améliorée par la possibilité d’embauche en CDI au bout de trois ans.
Il s’agit d’un premier pas nécessaire qui permettra d’offrir une stabilité professionnelle et une reconnaissance pour ces personnels qui deviendront, ainsi, membres à part entière de la communauté éducative.
Parfaitement conscients qu’il ne s’agit que d’une étape et qu’il convient d’aller plus loin, nous avons formulé plusieurs propositions allant dans ce sens, notamment lors du projet de loi de finances mais le Gouvernement, soutenu par la majorité sénatoriale de droite, les a tous refusé. Ils auraient pourtant permis de remédier significativement aux maux qui entachent les conditions de vie et d’exercice des AESH. Notre groupe a ainsi demandé 20 millions d’euros supplémentaires pour améliorer la revalorisation de leurs rémunérations, un alignement du montant des primes des AESH exerçant dans des territoires prioritaires sur celles des autres personnels de l’Éducation nationale et une ouverture de 10 270 postes supplémentaires d’AESH, au lieu des 4000 prévus par le gouvernement, pour satisfaire les besoins de l’école inclusive.
Le Gouvernement n’a pas davantage fait aboutir l’idée – pourtant évoquée avec insistance par le Ministre de l’éducation nationale – de bénéficier d’un CDI dès 1 an d’exercice des AESH.
Notre combat continue parce que cette situation est inacceptable pour de nombreux assistants et de nombreuses familles. Ainsi, nous formulerons d’autres propositions pour continuer d’améliorer le statut et les conditions de vie et d’exercice de ces agents.