Ours : les éleveurs à bout de souffle !

L’Ariège est un département où la prédation de l’ours cause d’importants dégâts à l’activité pastorale. Cette cohabitation difficile est une dramatique réalité qui alimente les débats d’autant plus que la population ursine ne cesse d’évoluer. De 52 ours en 2019, on passe aujourd’hui à 64 plantigrades recensés dans les Pyrénées dont la majorité évolue en Ariège.

Depuis plusieurs années, la souffrance chez nos éleveurs devient difficilement supportable. La profession est entièrement découragée et l’agriculture de qualité, menacée de disparition alors que le pastoralisme rend de précieux services en termes économiques, environnementaux et culturels. Leur désarroi est grand face aux dégâts tant financiers que psychologiques, engendrés par la recrudescence des actes de prédation de l’ours. Les éleveurs pastoraux pratiquent un métier difficile, dans des conditions rendues encore plus difficiles.

Or, on le sait cette réintroduction est de la responsabilité particulière de la France vis-à-vis de cette espèce dotée d’un statut de protection aux plans national, européen au sein de la directive Natura 2000 « Habitats, faune, flore » et international par la Convention de Berne de 1979.

Il y a un an, Emmanuel Macron s’était engagé auprès de la profession agricole sur l’instauration d’une nouvelle gouvernance décisionnelle du dossier ours brun constituée exclusivement des représentants élus de nos territoires pyrénéens, mais cet engagement peine à se concrétiser.

Par ailleurs, le gouvernement s’entête à conditionner les indemnisations à la mise en place de mesures de protections couteuses pour nos finances publiques et reconnues comme inefficaces.

Dans ce contexte, comment peut-on envisager un avenir dans le pastoralisme, où le renouvellement des générations est problématique et impacté par la situation économique ?

Un décret du 19 mars 2021 vient modifier celui du 9 juillet 2019 relatif à l’indemnisation des dommages causés aux troupeaux domestiques par le loup, l’ours et le lynx, afin d’apporter plusieurs précisions mais au moment où la montée dans les estives se prépare, les inquiétudes ressurgissent. Car dans les Hautes-Pyrénées, il y a eu pas moins de trois attaques en dix jours et l’ours s’est même invité à table ! Faut-il pousser l’hospitalité jusqu’à lui offrir le gîte ? Le monde pastoral est à bout de souffle.

Sous couvert d’une mobilisation financière exceptionnelle, l’État se veut rassurant. Ainsi le ministère de l’agriculture prévoit de débloquer une enveloppe de 3,6 millions d’euros destinée à financer l’embauche de bergers, la formation des pâtres, des chiens de protection, la mise en place de clôtures, d’abris d’urgence, de radio téléphones sur l’ensemble des massifs pyrénéens. De son côté, le ministère de la transition écologique accorde 750 000 euros de crédits pour des bergers d’appui, des bergers supplémentaires dans les foyers de prédation, des chiens de protection de la Pastorale pyrénéenne et la protection des ruchers.

Beaucoup d’argent public investi pour faire exister cette cohabitation alors que le pastoralisme va mal.

En quasi secret et sans aucune concertation ni avec les éleveurs ni avec les élus concernés, la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement et du Logement) souhaite faire cofinancer par l’Europe à hauteur de 8 millions d’euros un programme dénommé LIFE OURS dont la finalité est d’acculturer les populations et d’augmenter la population ursine sur l’ensemble du massif.

Unanimement la profession agricole mais aussi la fédération pastorale et le Conseil départemental se sont prononcés pour le retrait de ce projet.

Avec eux, je pense que ces millions d’euros seraient mieux utilisés pour aider au développement de nos éleveurs et de nos communes.

Pour nos éleveurs, confrontés à une avalanche de contraintes qui s’ajoutent à une compétition internationale déloyale et à une crise de vocations, l’ampleur des défis à relever est gigantesque.

Alors que les premières transhumances commencent, il est urgent d’agir en concertation et de sortir du carcan de la Convention de Berne afin d’apaiser la colère légitime. Car les enjeux et les conséquences sur nos territoires ruraux doivent être pris en compte à leur juste mesure.

Brebis - Port de Salau

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