Déserts médicaux : il faut agir !

Nous sommes tous très attachés à notre système de santé et l’accès aux soins est une des premières attentes des Français. Cependant, depuis plusieurs années, on constate une augmentation de la demande de soins, due en partie au vieillissement de la population et en même temps nous sommes confrontés à la difficulté à accéder à ces soins par manque de médecins généralistes ou spécialistes. En effet, qui n’a pas été confronté à des délais de rendez-vous longs ou à l’éloignement géographique d’un professionnel ?

En France, la désertification médicale s’accentue, elle touche aussi bien les zones rurales que périurbaines. Ainsi, on comptabilise 244 territoires sous-dotés en médecins généralistes parmi lesquels l’Ariège avec 41% de communes en désert médical. Une étude récente annonce par ailleurs, que le nombre de médecins généralistes aura baissé de 13 % entre 2010 et 2025 et constate qu’aujourd’hui 5 millions de personnes effectuent des consultations hors parcours de soins, c’est-à-dire sans passer un médecin traitant.

Ces chiffres sont préoccupants. Ils nous obligent à chercher par tous les moyens à prioriser cette problématique de l’égal accès aux soins dans les territoires. Car il s’agit bien là d’une atteinte au pacte républicain et à notre contrat social.

Des politiques d’incitation qui ne sont pas à la hauteur des enjeux

Ainsi, depuis plusieurs années, la question des déserts médicaux et son impact sur l’accès aux soins de la population sont au centre du débat public. Depuis plus de dix ans, pas moins de 6 réformes se sont succédées, de la loi Bachelot (2009) au Plan « Ma santé 2022 » (2018). Le moins que l’on puisse dire est que ces politiques mises en place par les gouvernements successifs n’ont pas atteint leur objectif : la fracture sanitaire continue de se creuser entre les territoires et s’ajoute aux multiples fractures qui traversent notre pays. Ce sont d’ailleurs les mêmes territoires qui connaissent des difficultés en matière de mobilités, d’offre de soins, d’accès au numérique et aux services publics.

Pourquoi ne pas appliquer la loi votée en 2019 ?

Au Sénat plusieurs travaux ont été menés,  rapports d’information, groupe de travail…et lors de l’examen du projet de loi santé porté par Agnès Buzyn, les sénateurs ont voté (contre l’avis du Gouvernement), l’obligation pour les internes de médecine générale et certaines spécialités déficitaires (ophtalmologie, dermatologie, pédiatre, médecine d’urgence, etc.) d’effectuer leur dernière année d’étude de 3e cycle en autonomie dans les déserts médicaux. Cette mesure, bien que transpartisane, a déclenchée des débats houleux et une levée de boucliers d’un certain nombre d’étudiants en médecine.

Finalement, députés et sénateurs ont convenu que les étudiants en 3e année de 3e cycle «iront sur le terrain au moins six mois, supervisés par un médecin». 

Cette disposition législative a donc été votée en 2019 et est  inscrite dans la Loi. Or, deux ans après la promulgation de la loi, les décrets d’application pour cette disposition ne sont toujours pas parus.

Mon collègue Bernard Jomier est intervenu au nom du Groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, lors des questions d’actualité au Gouvernement, le 26 mai dernier. Il a ainsi interrogé le ministre des Solidarités et de la Santé sur la non-application de cette disposition.

Car cette mesure, qui doit affecter pour six mois des internes en fin de cursus en zone sous-dense, aurait pu être une première réponse efficace dans la lutte contre les déserts médicaux.

Après avoir largement évité le sujet, Adrien Taquet, secrétaire d’État en charge de l’enfance et des familles, a indiqué qu’il présenterait prochainement les délais d’application de ce décret. Nous y veillerons !

Les élus en première ligne pour suppléer l’État : l’exemple de l’Ariège

Face à l’incapacité de l’État à apporter une solution durable aux inégalités d’accès aux soins, les initiatives se sont multipliées dans les territoires.

Les élus, acteurs de terrain, soutenus dans leur dynamique par les départements et les régions, ont été les premiers à développer des solutions pragmatiques pour répondre aux besoins de leur population et enrayer la désertisation médicale : développement des maisons de santé, prêt de logement, primes d’installation, participation aux frais de déplacement, aides à la recherche d’emplois pour le conjoint, construction d’équipements dédiés à un exercice collégial, salariat…

Notre département compte plus d’une dizaine de maisons de santé. Il s’agit là d’exemples concrets où élus et professionnels ont su travailler main dans la main. Car, nous en sommes conscients, l’enjeu du développement du système de santé de proximité qui fait partie de l’attractivité du territoire, s’inscrit pleinement dans la logique de la lutte contre la désertification médicale.

 S’il faut saluer les initiatives des Régions, des départements et l’inventivité des élus locaux pour attirer des médecins sur leurs territoires, en particulier dans la ruralité, il ne faut pourtant pas que l’État néglige d’exercer sa compétence et de préserver la cohésion nationale en garantissant l’équité territoriale.

Investi sur cette problématique tant en Ariège, aux côtés des élus et du Département, qu’au Sénat, dans le groupe de travail dédié, je mettrai tout en œuvre pour faciliter et encourager l’installation de nouveaux médecins sur notre département.

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