Confiance et proximité : agir contre les vulnérabilités des français

Une mission pour quoi faire ?

En janvier dernier, une mission chargée d’étudier l’évolution et la lutte contre la précarisation et la paupérisation d’une partie des Français a été mise en place à la demande des sénateurs. Car au-delà de nos différentes appartenances politiques, nous partageons tous le même constat : aucune société ne peut prospérer durablement si une partie de sa population est exclue de la vie sociale, politique ou économique et ne peut pleinement exercer ses droits.

Or, nous le savons, les conséquences de la crise sanitaire sont venues aggraver encore des conditions de vie déjà difficiles pour beaucoup de nos concitoyens. De manière générale, les acteurs de terrain que nous avons rencontré ont constaté une aggravation sévère pendant et après la crise. Pour exemple, lors des maraudes effectuées, l’association ATD Quart monde indique qu’ils ont rencontré 22 000 personnes à la rue, dont 6 000 enfants, un chiffre glaçant dans un pays comme le nôtre.

Nommé vice-président de cette mission, j’ai souhaité pour aller au plus près des réalités, que les travaux soient orientés « à hauteur d’homme », c’est-à-dire vers les personnes réellement concernées par ces phénomènes afin d’en comprendre les causes, de les décrire et bien sûr de formuler des propositions susceptibles d’apporter des réponses.

De nombreuses auditions pour être à l’écoute de tous

Pour mieux comprendre les situations et les dispositifs de lutte contre la précarité dans notre pays, nous avons mené pas moins de 56 auditions et 27 heures d’entretiens. Acteurs associatifs, chercheurs, économistes, sociologues, responsables d’organismes de solidarité… Tous nous ont apporté un éclairage précieux et utile.

C’est ainsi que nous avons dialogué avec les représentants de la Croix-Rouge française, d’ATD Quart Monde, du Secours catholique, ou de la Fondation Abbé Pierre autour des thématiques de la lutte contre la pauvreté : quels sont les publics les plus touchés, quelle est la portée des dispositifs mis en place, quels sont les dysfonctionnements observés dans l’accompagnement, quelles sont les évolutions en cours, comment y remédier et surtout quels axes d’actions retenir.

J’ai, pour ma part, sollicité un certain nombre de structures ariégeoises pour vérifier que les problématiques de notre département soient bien prises en compte.

Tels ont été pendant près de 6 mois les travaux passionnants qui nous ont mobilisé et auxquels j’ai participé avec beaucoup d’attention et d’écoute.

Une situation dégradée malgré de nombreux dispositifs en place

Si la crise du covid-19 est un accélérateur des dynamiques et des inégalités, elle n’est au final qu’un révélateur puissant des phénomènes déjà en cours.

  • Ainsi, la première partie du rapport porte sur l’état de la pauvreté en France.

Il pèse aujourd’hui une contrainte de plus en plus forte sur le budget des ménages modestes qui sont à l’origine de privations matérielles importantes. La question prioritaire reste celle du logement. Les tensions croissantes sur le marché du logement ne cessent de pousser vers la pauvreté de nombreux ménages français qui y consacrent une grande partie de leurs revenus ce qui grève douloureusement leur pouvoir d’achat. Ces difficultés pour se loger, « le mal-logement », constitue selon les études un phénomène massif de précarisation. La politique gouvernementale qui rend plus difficile l’accès au logement social et qui rabote les APL n’a sur ce terrain guère arrangé une situation déjà bien fragile.

Les sentiments de pauvreté et de déclassement ne cessent de gagner du terrain et la peur d’un « dérapage » ou accident de parcours vers la grande pauvreté inquiète terriblement les classes les plus modestes ce qui n’était pas le cas auparavant. Les chercheurs ont également insisté sur l’augmentation en nombre des populations dites « invisibles » parfois en situation de grande pauvreté et qui sont sortis de tous dispositifs d’aide ou d’accompagnement.

Enfin, depuis 2008, et la crise économique la situation des ménages les plus modestes ne fait que s’aggraver : force est de constater que leur niveau de vie ne peut se maintenir que sous l’effet des transferts sociaux.

  • Deuxième cause d’aggravation de la pauvreté : la précarisation du travail.

Ces échanges ont permis de mettre au jour certaines spécificités françaises et notamment : le recours aux contrats courts, la montée relative du travail indépendant, la persistance d’un haut niveau de chômage, la fragilité particulière de certains travailleurs avec l’émergence du phénomène des travailleurs pauvres.

De plus, de grandes inégalités en matière d’accès à la formation perdurent et sont des freins au retour à la vie active ou à l’évolution des parcours professionnels des plus modestes.

  • Enfin, les conséquences sociales et économiques de l’évolution des structures familiales.

    Elles semblent devoir jouer également un rôle essentiel dans le processus de paupérisation. Ainsi, l’augmentation des familles monoparentales se traduit par une fragilisation extrême des personnes qui se retrouvent seules à assumer les mêmes charges et dépenses dans un contexte difficile (chômage, isolement, non-recours aux aides sociales…). Le constat d’une solidarité distendue entre les générations vient assombrir le tableau car il ne permet plus en cas de « coups durs » de bénéficier d’un filet de sécurité familial qui évite souvent une détérioration rapide des situations.

Des pistes de réflexion pour humaniser, améliorer et simplifier la lutte contre la pauvreté

Les membres de la mission d’information ont souhaité, au-delà d’un constat largement partagé de l’aggravation de la pauvreté dans notre pays, formuler des propositions concrètes. Voici résumées les 10 principales propositions qui font consensus :

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