Bibliothèques et librairies : le Sénat soutient le livre !

Deux propositions de lois autour du livre et de la lecture publique présentées au Sénat ont fait consensus : l’une ancre dans le droit les missions des bibliothèques et la seconde soutient les librairies face aux plateformes de vente en ligne.

Pour une véritable politique culturelle et éducative au travers des bibliothèques

Forte de plus de 16 500 bibliothèques, la France ne leur consacre à ce jour que quelques lignes dans le code du patrimoine.

C’est à l’initiative de ma collègue Sylvie Robert, auteure et rapporteure du texte, que la proposition de loi relative aux bibliothèques et au développement de la lecture publique, a été présentée devant l’assemblée par le groupe Socialiste Ecologique et Républicain.

Les Sénateurs, en adoptant ce texte à l’unanimité, ont choisi d’ancrer enfin dans le droit français la place singulière qu’occupent les bibliothèques auprès de nos concitoyens.

Selon Sylvie Robert : « Ce texte constitue un compromis unanime en faveur de la reconnaissance des bibliothèques et des bibliothécaires. Il se veut un équilibre entre souplesse d’application pour respecter la libre administration des collectivités et fermeté dans les grands principes républicains qui y sont énoncés ».

Le pluralisme des courants d’idées et d’opinions, l’égalité et la gratuité d’accès, ainsi que la neutralité de ces équipements culturels de proximité sont actés en première lecture. Sur les traces du manifeste de l’Unesco, cette loi propose de mettre ainsi à l’abri les bibliothèques de toute velléité de censure : « les collections et les services ne doivent être soumis ni à une forme quelconque de censure idéologique, politique ou religieuse, ni à des pressions commerciales. »

C’est aussi le professionnalisme des bibliothécaires dans la définition et la mise en œuvre d’une politique documentaire qui est reconnu par ce texte, une reconnaissance pour ces professionnels qui ont su évoluer et s’adapter pour proposer de nouveaux usages toujours plus appréciés de nos concitoyens dans ces établissements qui ont mutés pour devenir des « tiers lieux ». Ces nouveaux espaces culturels offrent en effet des perspectives nouvelles pour multiplier les interactions sociales ou encore favoriser le lien intergénérationnel en rassemblant des services complémentaires autour d’un même pôle, plus adapté à l’évolution des pratiques et des modes de vie. Lieux hybrides, les bibliothèques d’aujourd’hui et de demain ont toute leur place dans nos territoires.

Sans vouloir imposer de nouvelles contraintes aux collectivités, c’est l’implication des élus locaux dans la définition d’une véritable politique culturelle et éducative au travers des bibliothèques que recherche la loi. Elle prévoit également de renforcer la mise en réseau des établissements pour mieux les mailler sur le terrain.

Depuis 2004 déjà, le département de l’Ariège conduit sa politique de lecture publique sur les valeurs et principes que ce projet de loi veut instituer nationalement. Cette politique déclinée par la Bibliothèque Départementale a permis d’atteindre dès 2019 une couverture du territoire avec plus de 97% de la population desservie grâce à 76 bibliothèques communales et intercommunales qui travaillent déjà en réseau pour la très grande majorité d’entre elles.

Les dispositions de cette loi entreront en vigueur si le texte est adopté à l’Assemblée Nationale dans les mêmes termes. Toutefois, il faudra pérenniser les crédits supplémentaires octroyés aux bibliothèques ces dernières années au sein de la dotation générale de décentralisation, afin que cet effort ne reste sans lendemain tant les premiers résultats enregistrés ont été spectaculaires en termes d’adaptation et d’ouverture aux publics de ces lieux.

Librairies indépendantes, un service essentiel

La concomitance de la présentation du texte de Sylvie Robert avec celui de Laure Darnos visant à améliorer l’économie du livre et à renforcer l’équité de ses acteurs, a permis de compléter le débat sur la chaîne du livre.

Alors que la fermeture des commerces dits non-essentiels durant la crise sanitaire a très durement frappé les librairies en accentuant la concurrence des plateformes de vente en ligne, l’adoption d’un forfait minimum de frais de port pour ces dernières et l’affichage clair de l’état des livres vendus, neufs ou d’occasion, permettent de rééquilibrer les règles commerciales.

D’autre part, la possibilité donnée aux collectivités de soutenir financièrement les libraires indépendants marque la reconnaissance de leur rôle « essentiel » pour nos concitoyens.

Le texte modernise par ailleurs le dépôt légal pour l’adapter aux spécificités du numérique et encadre certaines pratiques de l’édition.

Ce sont des avancées majeures pour nos bibliothèques et nos librairies indépendantes afin que le livre vive dans cette ère du numérique quarante ans après la loi Lang qui instituait son prix unique.

J’espère vivement que le Gouvernement fera rapidement adopter ces textes par l’Assemblée nationale, comme la Ministre de la culture s’y est engagée devant le Sénat.

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