Face à un monde qui change, il nous faut être lucides et mobilisés
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Depuis quelques mois, nous assistons à des bouleversements internationaux qui peuvent légitimement nous inquiéter. Mais face à cette nouvelle « loi du plus fort », la France a un rôle particulier à tenir pour renforcer l’Europe, défendre nos valeurs démocratiques et ainsi faire renaître l’espoir.
La poursuite de l’agression Russe en Ukraine combinée à la réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, provoque une très forte déstabilisation des relations internationales.
Fin du multilatéralisme
Nous devons en prendre pleinement conscience et la Nation Française doit rester unie face à de multiples coups de boutoir contre notre modèle démocratique.
De 1945 à aujourd’hui, les relations internationales, reposaient sur le principe du multilatéralisme c’est-à-dire l’élaboration de règles communes pour tenter d’éviter les conflits. Cette parenthèse, que l’on pourrait qualifier d’heureuse est aujourd’hui terminée.
C’est la force brute qui semble maintenant devoir parler. Des puissances régionales, mondiales uniquement mues par leurs intérêts égoïstes se désintéressent de la marche, du devenir du monde.
Défendre l’Ukraine
Les États-Unis, depuis l’élection de Donald Trump, ont décidé de sacrifier l’Ukraine aux appétits sans limite de la Russie, le Président Américain ne semble connaitre que le rapport de forces, l’humiliation et la recherche de profits sans limite et sans morale.
Il est pourtant très dangereux de laisser le champ libre à la Russie. En effet, depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine ne fait que la guerre : dans le Caucase, en Syrie, en Ukraine dès 2014 avec parfois des pauses diplomatiques pour reconstituer ses forces.
Si des garanties de sécurité ne sont pas données à l’Ukraine, il ne faut pas se faire d’illusions, la Russie continuera la guerre, Poutine ne connait que la loi du plus fort et prospère sur les renoncements de la communauté- de moins en moins- internationale.
La France a un rôle central à jouer
La France, en tant que puissance économique, diplomatique, militaire a d’incontestables atouts pour être une force stabilisatrice en ces périodes très incertaines. Je salue l’action volontariste du Président de la République M. Emmanuel Macron qui s’efforce de mobiliser les dirigeants européens pour faire advenir enfin une défense européenne avec la Grande Bretagne maintenant que nous ne disposons plus du parapluie de protection des Américains.
La France, en tant que puissance nucléaire, a un rôle particulier à jouer, il n’est pas question d’un partage de la dissuasion nucléaire mais d’une éventuelle extension, pour les pays qui le souhaitent, de la protection du parapluie nucléaire français.
Il est primordial de prendre conscience que défendre l’Ukraine, c’est défendre la France, défendre l’Europe, c’est défendre la France !
Nous vivons des moments historiques comme en témoigne l’évolution stratégique d’un pays comme l’Allemagne qui, depuis 1945, a toujours bénéficier de la protection des États-Unis et qui maintenant s’implique fortement pour l’édification d’une défense européenne au point même de renoncer à la règle des 3% des déficits.
Nécessité de trouver des nouveaux financements
Il faut dire la vérité aux Français : cette nouvelle donne géostratégique va occasionner des dépenses supplémentaires et à un haut niveau. C’est pourquoi, je suis favorable à l’utilisation des avoirs russes gelés depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine. Mais évidemment, cela ne sera pas suffisant.
Aussi, avec mes collègues sénateurs socialistes, nous avons déposé une proposition de loi visant à créer un livret d’épargne défense souveraineté. Dans ces circonstances exceptionnelles, il faudra réexaminer la possibilité d’une contribution exceptionnelle des plus aisés au nom du patriotisme fiscal.
En tout état de cause, il n’est pas question de sacrifier le modèle social français à la nouvelle donne internationale. Si on sacrifie la culture, par exemple, pourquoi alors se battre contre les régimes autoritaires ?
L’Europe : futur pôle de stabilité ?
Depuis l’élection américaine de novembre dernier, le monde a changé, il ne s’agit pas de faire peur, il s’agit d’être lucide. Mais d’un mal, le recul du multilatéralisme, peut naitre un bien avec une Europe plus volontariste, plus puissante, plus protectrice. Au moment où la politique internationale de Donald Trump suscite de plus en plus de doutes, y compris aux États-Unis, il est primordial que l’Europe apparaisse comme un pôle de stabilité et cela ne pourra se faire qu’avec la mobilisation de tous les Européens.