EDF : « Hercule » ne dit plus son nom
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En décembre dernier j’abordais avec vous la restructuration d’EDF envisagée par le gouvernement dans une grande opacité et vous livrais mes craintes pour l’avenir du service public de l’énergie. Le 8 avril était célébré l’anniversaire de la loi de nationalisation des 1 400 entreprises d’électricité que comptaient la France en 1946. Ce sont ces fondements qui sont aujourd’hui remis en cause par le projet gouvernemental ! Malgré les demandes des parlementaires d’être associés aux travaux de réorganisation du groupe EDF, le manque de transparence demeure.
Au fil des auditions qui se sont tenues dans le cadre de la commission des affaires économiques du Sénat dont je suis membre, ainsi que dans la note du gouvernement reçue par les fédérations syndicales des industries électriques et gazières, les organisations envisagées et leurs motivations se précisent au compte-goutte. C’est pourquoi, je fais le choix de revenir sur ce sujet.
Le démantèlement d'EDF en réponse aux exigences européennes ?
Si le projet n’est plus appelé HERCULE, son contenu diffère peu sur le fond.
Le projet est présenté comme une exigence de Bruxelles pour la reprise des négociations sur l’augmentation du tarif régulé de l’énergie nucléaire historique (ARENH) et la protection des concessions hydroélectriques de la mise en concurrence. Qu’en est-il ?
Le coût relativement faible du nucléaire français fixé en 2011 via ARENH, qui a fortement réduit la capacité d’investissement d’EDF, est aujourd’hui réservé aux clients français et crée la convoitise des fournisseurs d’énergie pour leurs clients européens. Quid de l’accès à un futur tarif réglementé pour tous les citoyens de l’Union européenne qui profiteraient du parc nucléaire français amorti ?
Du fait des multiples rôles joués par l’hydraulique, l’avenir des barrages et de leurs centrales de production sont un enjeu fondamental des territoires. Dans notre département, le parc des 22 centrales hydroélectriques EDF produit 1, 5 Téra Watt heure soit 4 fois la consommation des Ariégeois. Mais la gestion de ce réseau avec ses barrages, ne s’arrête pas là, elle permet de réguler le débit des cours d’eau jusqu’à la Garonne et garantit un niveau suffisant pour le biotope de nos rivières, l’irrigation, le tourisme, … et comme j’ai pu le voir sur la centrale d’Aston dernièrement, les centrales sont une réserve d’énergie et peuvent pallier les besoins d’énergie sur le réseau avec une très grande réactivité.
Si le gouvernement semble avoir pris conscience des enjeux de l’eau et s’oriente vers une régie ou quasi régie qui sanctuariserait l’hydroélectrique français, que seront les liens entre l’hydro et les autres entités de production ? Car oui, Bruxelles permet de soustraire l’hydraulique de la concurrence, mais pas le nucléaire et encore moins la totalité de notre système de production actuel.
Parce que l’énergie est un bien de première nécessité, un bien commun, je me battrai pour qu’elle sorte des logiques de concurrence et de marché afin qu’elle reste un service public soucieux de l’intérêt général.

